Golf universitaire | Trois Carabins à l'assaut du golf professionnel
Dans les couloirs du CEPSUM, Jean-Philip Cornellier et Mathieu Perron discutent de commandites, de la Floride. À la veille du dernier examen de leur parcours universitaire, ils ont en tête le début de leur carrière sportive professionnelle. Après quatre saisons avec les Carabins, les deux golfeurs font le grand saut pour tenter d’atteindre la PGA, un monde où il est important d’avoir de l’argent et d’être là au bon moment.
Les deux amis de 23 ans, ainsi que leur coéquipière Laurence Mignault, sont les premiers joueurs de golf issus du programme des Carabins à tenter leur chance chez les pros après avoir complété leur baccalauréat. Le 2 janvier, les deux jeunes hommes iront s’installer ensemble à Boynton Beach, en Floride, pour l’hiver afin de débuter un long parcours. Les deux coéquipiers se donnent de trois à cinq ans pour atteindre leur objectif.
Les Québécois ayant réussi chez les professionnels sont plutôt l’exception que la norme. Dans ce milieu ultra-compétitif, chaque individu devient une petite entreprise. « On est seul sur le terrain, mais il y a toujours une équipe derrière, dit Mathieu Perron, Montréalais diplômé en administration à HEC Montréal, volet entreprenariat. Nous avons chacun notre entraîneur, un spécialiste du conditionnement physique, des commanditaires. Nous sommes affiliés à un club de golf, à une manufacture d’équipement. »
Le financement devient ainsi le nerf de la guerre pour les golfeurs professionnels. Avec les déplacements, l’hébergement, les inscriptions au tournoi, la facture peut aller de 60 000 $ à 100 000 $ à chaque saison. « C’est notre carrière et il faut pouvoir s’y consacrer à temps plein, ajoute Jean-Philip Cornellier, diplômé en kinésiologie et natif de Granby. C’est important d’avoir de l’aide et de ne pas avoir de soucis financiers. Il ne faut pas arriver sur le terrain en se disant qu’on ne pourra pas manger si on ne gagne pas d’argent. »
En plus de miser sur ces ressources, Cornellier et Perron pourront s’appuyer l’un sur l’autre. Ils sauvent des coûts en partageant un condo, un lieu d’entraînement et en s’inscrivant aux mêmes tournois, mais leur alliance va au-delà de l’aspect monétaire. « C’est dur d’être seul tout le temps. À deux, il y a un esprit de compétition et ça nous motive davantage à aller s’entraîner, dit Perron. En plus, on s’entend bien ! »
Cet hiver, en plus des entraînements quotidiens, ils prendront part à différents tournois sur des circuits locaux en Floride, en préparation pour la qualification pour le circuit canadien de la PGA. La route vers la PGA est remplie d’étapes et ce circuit, sur lequel n’évoluent pas seulement des Canadiens, a pris de l’importance. Après avoir fait partie du top 5 au Canada, les golfeurs accèdent au circuit Web.com. Celui-ci est la véritable porte d’entrée pour la PGA.
Cornellier et Perron continueront de bénéficier de l’encadrement qu’ils avaient avec les Bleus puisque leurs entraîneurs personnels seront les mêmes. Pierre Dugas, conseiller des Carabins et entraîneur de Cornellier, de même que Daniel Langevin, entraîneur-chef des Carabins et entraîneur de Perron, suivaient déjà leurs protégés avant qu’ils ne se joignent aux Bleus.
Du succès chez les amateurs
L’été dernier, Mathieu Perron a remporté le Duc de Kent grâce à un pointage record de -10 en deux rondes. Notamment, il a joué sept coups sous la normale lors des six derniers trous. Il a également atteint la dernière ronde de qualification pour le US Open à l’été 2012.
Pour sa part, Jean-Philip Cornellier est devenu le troisième amateur de l’histoire à remporter la Classique Acura l’été dernier. Il a également été sacré athlète masculin par excellence sur le circuit de golf du Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) en 2012.
« Ces résultats démontrent que ce ne sont pas des feux de paille, souligne Daniel Langevin, qui a lui-même évolué chez les professionnels en tant que joueur. Ces athlètes possèdent la persévérance requise. Durant leur parcours à l’UdeM, ils ont fait preuve d’acharnement. Ils savent se dépasser. »
Une réalité différente chez les femmes
De son côté, Laurence Mignault se lancera dans l’aventure du circuit professionnel au printemps. Ayant été en stage l’été dernier pour compléter sa maîtrise en physiothérapie, la golfeuse de 23 ans originaire de Varennes a dû faire du rattrapage à l’entraînement cet automne. C’est pourquoi, elle lancera sa carrière professionnelle au printemps.
Moins de femmes que d’hommes jouent au golf. Il y a donc moins d’étapes pour se qualifier à un tournoi majeur par exemple. Cependant, là aussi, le financement est crucial et la recherche de commandites est plus difficile et les bourses, moins élevées.
Laurence Mignault a suivi les parcours des Québécoises Maude-Aimée Leblanc et Sara-Maude Juneau, deux joueuses qui ont atteint la LPGA après avoir étudié dans une université américaine. Comme toutes les golfeuses de la province, elle est également inspirée par Jocelyne Bourassa, la seule Québécoise à avoir gagné un tournoi professionnel.
« Avec le recul, ça a été une excellente décision d’étudier à l’UdeM, dit celle qui sera toujours encadrée par Daniel Langevin. Je suis contente de voit la crédibilité du programme de golf des Carabins. Je crois au golf au Québec. Je me souviens que dans les juniors, on critiquait beaucoup mon élan et on ne croyait pas en mes chances d’aller loin. Aujourd’hui, on me dit que je n’ai pas beaucoup de chances de réussir et je revis un peu la même situation, mais je ne m’arrêterai pas. Je ne néglige aucun aspect pour réussir. »
Quoi qu’il advienne au cours des prochaines années, l’avenir professionnel de ces trois golfeurs de talent est assuré. Si le rêve du golf professionnel s’évanouit, leur diplôme universitaire leur assure un excellent filet de protection.